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Le Nutri-Score : des atouts et des limites

le nutri score

Le Nutri-Score est l’un des indicateurs sur lesquels nous pouvons nous appuyer en faisant nos courses. Cependant, il fait débat. Mieux vaut comprendre la manière dont il est calculé, avant de ne remplir notre panier que de produits classés A !

Il faut notamment garder en tête que la comparaison est intéressante uniquement au sein d’une même catégorie de produits.

D’autre part, le Nutri-Score peut mettre au même niveau des aliments d’intérêts nutritionnels très différents.

En outre, il ne prend pas en compte le degré de transformation des aliments. Des produits notés A ou B peuvent être des produits ultra-transformés contenant des additifs indésirables pour notre santé.

Enfin, le Nutri-Score ne distingue pas le mode de production qui a, pourtant, un impact sur la qualité du produit.

Qu’est-ce que le Nutri-Score ? Tour d’horizon

C’est un logo qui apparait sur la face avant des emballages de produits alimentaires. Il nous informe sur la qualité nutritionnelle des produits. Ce logo complète le tableau des valeurs nutritionnelles (au dos des emballages), qui est plus long et complexe à lire. Le score s’échelonne de A (vert foncé), pour les aliments de bonne qualité nutritionnelle, à E (orange foncé), pour les aliments à limiter.

Le Nutri-Score n’est pas obligatoire, mais recommandé par les pouvoirs publics en France (Santé publique France) depuis 2017. Il fait suite aux travaux de l’Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle de l’Université Paris 13, sous la supervision du médecin-nutritionniste Serge Hercberg.

Le Nutri-Score déplaît aux industriels de l’agroalimentaire et aux distributeurs. Mais, sous la pression des consommateurs·rices, plus de 800 marques l’ont finalement adopté en France en 2021. Il couvre aujourd’hui environ 60 % du marché alimentaire. Pour les produits restants, la base de données Open Food Facts calcule le Nutri-Score, même lorsque le fabricant a choisi de ne pas utiliser le dispositif. Vous pouvez aussi retrouver cette base de données dans les applications comme BuyOrNot ou Yuka.

Comprendre le Nutri-Score

Il permet de comparer les produits d’un même rayon

Le Nutri-Score pris de façon absolue peut mettre au même niveau des aliments d’intérêts nutritionnels très différents (huile d’olive et yaourt par exemple).

Par exemple, pour un yaourt, un Nutri-Score C n’est pas le meilleur score. En revanche, pour une huile, un Nutri-Score C est le meilleur score possible étant donnée sa teneur en gras. Il n’y a pas d’intérêt à comparer des catégories d’aliments aussi différentes que le yaourt et l’huile d’olive ! Une huile d’olive d’excellente qualité aura le même score qu’un yaourt de qualité moyenne alors que dans les faits elle est meilleure pour la santé (dans le cadre d’une consommation normale).

Calcul du Nutri-Score

Un algorithme calcule le score d’un produit selon sa teneur nutritionnelle pour 100g sec ou égoutté.

La note globale est obtenue par des points positifs. Ceux-ci sont attribués aux fibres, protéines, fruits, légumes, légumineuses, fruits à coque, huile de colza, noix ou olive, etc.

À ceux-là sont soustraits des points négatifs attribués aux nutriments à limiter : énergie (kJ), sucres, acides gras saturés et sel.

Atouts

Bien identifié, le Nutri-Score semble augmenter les achats de produits classés A et B, et diminuer faiblement ceux classés D et E. Mais ces effets semblent très variables selon les catégories d’aliments.

Si le Nutri-Score est si souvent attaqué par les lobbys, c’est parce qu’il est une source d’information de référence pour le grand public et qu’il est le premier pas des changements de comportement. Or, ces changements de comportements ne sont pas forcément favorables aux affaires des gros industriels de l’agro-alimentaire.

Limites

Des subtilités nutritionnelles non prises en compte

Cet algorithme ne prend malheureusement pas en compte les subtilités de la nutrition :

  • Les nutriments d’importance nutritionnelle forte (comme les vitamines, le fer, le calcium ou encore les acides gras oméga 3) ne sont pas pris en compte.
  • L’index glycémique de l’aliment n’est pas non plus pris en compte (qui permet de faire la différence entre des glucides rapidement ou lentement digérés, ces derniers étant meilleurs pour la santé).
  • La qualité des protéines passe au second plan : c’est leur quantité qui est évaluée.

Le nutri-score reflète les messages du Programme national nutrition santé (PNNS) : manger plus de fruits et légumes, de féculents, de viande et de produits laitiers, moins de graisses, de sucre, de sel.

Néanmoins, certains de ces messages sont contestables et reflètent des discours scientifiques d’un autre temps, comme l’accent mis sur les produits laitiers, ou encore la défiance vis-à-vis des graisses, quelle que soit leur qualité.

Les industriels ont compris comment tirer profit du Nutri-Score et sont nombreux à revoir leurs recettes, ajoutant des ingrédients favorisés par le système de notation. Exemple de céréales au chocolat bien connues des Français : pour obtenir son A, le fabricant a retiré du sucre et ajouté du blé complet. En rayon, si on se concentre uniquement sur le nutri-score on ne peut plus faire la différence entre ces céréales, qui est sont produit ultra-transformé, et un muesli sans sel et sans sucres ajoutés.

Le niveau de transformation des aliments

Les aliments ultra-transformés comprennent notamment les plats cuisinés, les produits de viande reconstituée (ex. nuggets, cordon-bleu), les glaces, les bonbons, les biscuits, les pâtisseries industrielles, les céréales, les boissons gazeuses, les margarines et pâtes à tartiner, etc.

Le Nutri-Score ne prend pas en compte le niveau de transformation de l’aliment. Cela pose deux problèmes. D’abord, plus un produit est transformé, moins il est intéressant d’un point de vue nutritionnel. Ensuite, des réactions chimiques néfastes sont produites lors de la transformation.

Plus un produit est transformé, moins il est intéressant pour la santé

Le Nutri-Score d’un beurre est classé E, alors que c’est un produit peu transformé, dont la consommation raisonnable a des atouts santé.

Par exemple, le beurre doux gastronomique Président. Son Nutri-Score est E, car riche en matières grasses (82g) et notamment en acides gras saturés (57g). Les scores sont basés pour 100g de produit, donc forcément pour 100g, le beurre contient plus de 80g de matières grasses et il est considéré mauvais. Or, si l’on regarde la classification Siga (l’indice Siga évalue le niveau de transformation des aliments), il est classé dans la catégorie 2, des aliments peu transformés, sans additifs à risque ni ingrédients ultra-transformés. Il n’est pas jugé mauvais, à condition d’en consommer avec modération, en quantité limitée.

À l’inverse, un pain de mie industriel ultra-transformé se voit doté d’un A.

Exemple : le pain de mie complet J*****. Ici, on a l’exemple d’un industriel qui a compris comment tirer profit du Nutri-Score. Le pain de mie complet a un Nutri-Score A, car pauvre en matières grasses, riches en « fibres » et en « protéines ». Cependant, il appartient au groupe 4 de la classification NOVA (une classification en 4 groupes qui met en évidence le degré de transformation des aliments) et 7 de la classification Siga. C’est un aliment ultra-transformé, à index glycémique très élevé, pétri d’ingrédients transformés (7) et d’additifs (dont 4 à risque), les fibres étant complètement dénaturées, on ne peut pas parler d’un aliment santé.

La transformation des aliments produit des réactions chimiques néfastes

Ces réactions peuvent se produire au cours des procédés de transformation. Il s’agit de la réaction de Maillard et de réactions d’oxydation (notamment des lipides). Des composés néoformés peuvent aussi apparaitre lors des procédés de transformation (acrylamide, nitrosamines, furanes, etc.).

Ce stress oxydatif agresse et endommage ce qui compose nos cellules et engendre une réponse inflammatoire. La réaction de Maillard favorise l’insulinorésistance et le diabète de type 2. Les aliments ultra-transformés ont déjà été associés à un risque plus élevé d’obésité, de maladies cardiovasculaires et de maladies chroniques.

Si le Nutri-Score contraint les industriels, il ne les incite donc pas forcément à améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits. Pour apposer « vert » ou « orange » sur leurs emballages, ils réduisent la part des sucres ou sel ajoutés. Ils augmentent aussi les fibres, parfois artificiellement avec des gommes. Ils peuvent aussi remplacer les sucres par des édulcorants de synthèse. Ainsi, cela peut donc les inciter à augmenter le niveau de transformation des aliments vendus.

Les additifs, pesticides, polluants

Une autre grande limite du nutri-score est qu’il ne prend par en considération les additifs (colorants, conservateurs, émulsifiants, exhausteurs de goût, édulcorants, etc.), les pesticides (insecticides, fongicides et herbicides), les antibiotiques, les substances migrant des emballages vers l’aliment et autres contaminants environnementaux (dioxines, métaux lourds).

Nouveau Nutri-Score 2023 et Europe

L’Europe ne retiendra pas ce logo comme indicateur nutritionnel obligatoire sur l’ensemble des produits transformés. Claire Bury, directrice adjointe à la durabilité alimentaire au sein de la Commission européenne, en a fait l’annonce le 30 septembre 2022. Le choix est stratégique : le Nutri-Score regroupant trop d’opposants, mieux vaut proposer un nouveau système pour s’assurer que États membres le valident. Cependant, le logo européen pourrait s’en inspirer largement pour gagner du temps. À suivre…

Les scientifiques en charge du développement du Nutri-Score ont annoncé la mise à jour prochaine de l’algorithme (2023). Celui-ci sera globalement plus sévère, même si encore imparfait. Voici quelques-unes des modifications annoncées :

-Les produits riches en sel ou en sucre recevront une note plus sévère.

-Le classement distinguera mieux les produits céréaliers complets (pains, pâtes, riz, etc.), riches en fibres (A), des produits raffinés (B ou C).

-La viande rouge rejoindra des catégories inférieures à celles de la volaille ou du poisson, en raison des risques accrus de cancers et de maladies cardiovasculaires.

-La classification des fromages tiendra mieux compte de leur teneur en sel et en acides gras saturés.

-Les huiles les moins riches en graisses saturées (olive, noix, colza) auront une meilleure place dans la classification (B) que l’huile de tournesol (C), les huiles d’arachide, de maïs, de soja (D), l’huile de coco (E) et le beurre (E).

Manger vrai

Faire ses courses ne doit pas devenir une prise de tête ! Comment faire pour s’en sortir ?

Quelques grands axes à garder en tête

💡 Gardez à l’esprit que le Nutri-Score sert ni plus ni moins à distinguer ce qu’on peut consommer souvent et ce que l’on doit limiter. En effet, même si l’huile d’olive est saine, il ne s’agit pas d’en boire 1L par jour!

🥕 Au moment des courses, privilégiez les aliments bruts autant que possible, de proximité, de saison et qui vous font envie.

Une alimentation saine est une alimentation variée et équilibrée. Se nourrir sans graisses, sans sucre ou pire, sans plaisir, est une hérésie. Tout est question de mesure et tout dépend du profil de chacune et chacun. Le plaisir de manger et de cuisiner est primordial.

Ne pas traquer les produits classés A

Si on ne gardait que les aliments classés A, il manquerait les lipides, qui sont pourtant essentiels à notre équilibre.

Privilégier des aliments dont la liste d’ingrédients est la plus simple et la plus courte possible

Pour reconnaître un produit ultra-transformé, il faut lire et compter le nombre d’ingrédients, additifs compris, sur l’emballage. Au-delà de 5, il y a plus de 75% de chances que ce soit un aliment ultra-transformé. Ces aliments n’ont plus grand-chose à voir avec les matières premières dont ils proviennent. Plus la liste est longue, plus l’aliment d’origine est difficile à reconnaître et donc, plus on s’éloigne d’une préparation « maison ». Les ingrédients apparaissent par ordre décroissant de poids. Les premiers de la liste représentent la majeure partie du produit et donnent donc une indication sur sa qualité nutritionnelle.

Conclusion

En définitive, retenez, pour faire votre choix lors de vos courses, que les aliments ultra-transformés représentent le risque le plus important pour la santé. Scruter le degré de transformation est donc l’indicateur le plus important pour évaluer la qualité d’un produit, pour cela, les applications type Siga ou Scan-Up sont d’une aide précieuse. Le Nutri-Score est un indicateur complémentaire.

Enfin, il ne faut pas oublier que l’équilibre nutritionnel repose sur une alimentation variée !

Pour varier vos repas en faisant plaisir à toute la famille, et suivre des listes de courses sans risque pour votre santé, profitez de notre programme de recettes sur www.manger-sante.com !

Karel Tarallo Naturopathe

Karel Tarallo Naturopathe

Coach bien-être : alimentation, beauté et vitalité
Accompagnements en visio

www.karel-tarallo-naturopathe.com

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