Anorexie, boulimie, compulsions alimentaires… les troubles du comportement alimentaire, ou TCA sont largement répandus mais peu connus.
Nous avons interviewé la naturopathe Sabine Monnoyeur, partenaire de Manger Santé, pour en apprendre davantage sur leur fonctionnement et les solutions pour aller mieux.
Sommaire
Comment définir un trouble du comportement alimentaire ?
« Les Troubles du Comportement Alimentaire (TCA) sont des maladies fréquentes en France.
Nous pouvons les remarquer lorsqu’une relation inhabituelle à la nourriture associée à une souffrance psychique s’installe durablement. A moyen et long terme, ces troubles ont d’importantes conséquences sur la santé.
Les TCA sont des maladies complexes situées à la jonction de la médecine somatique, de la nutrition et de la psychiatrie.
7 personnes concernées sur 10 seront des femmes plutôt entre 15 et 35 ans* et si l’on englobe toutes les formes de troubles des conduites alimentaires, on estime que 10 % de la population pourrait être concernée !
*Les TCA n’épargnent cependant ni les enfants, ni les hommes, ni les personnes d’âge mûr.
Il s’agit donc de maladies nutritionnelles à composante psycho-comportementale révélant de manière certaine (grâce à l’imagerie cérébrale) un dysfonctionnement des réseaux de neurones sensoriels et émotionnels.
Ces troubles multi-factoriels demandent donc une prise en charge multi-disciplinaire. »
Anorexie, boulimie, compulsions… comment se matérialisent concrètement ces troubles ?
« On peut classer les TCA en deux grandes catégories :
1° Les TCA de type restrictif :
- L’anorexie mentale : la personne veut maigrir et va donc refuser de s’alimenter
- L’anorexie dépressive : ne plus vouloir manger
- L’orthorexie maladive : le besoin de manger « sain » impérativement
- La rumination : mastiquer, avaler et faire remonter les aliments pour mastiquer encore
- Le mâcher-cracher : comme son nom l’indique
- Les Pica : ingérer des matériaux inertes (bois, dentifrice, plastique…)
- Les phobies alimentaires
2° Les TCA avec hyperphagie (le fait de trop manger) :
- Le grignotage pathologique
- Les compulsions alimentaires: crise généralement sans vomissement 2 à 3 fois par semaine
- Les frénésie alimentaires : la personne mange non-stop sans sans s’en rendre compte
- La compulsion alimentaire nocturne : manger inconsciemment la nuit
- La boulimie : crises de compulsions alimentaire avec vomissements
- L’anorexie boulimie: alternance entre poids très faible et crise boulimique. »
Comment soigner ces pathologies ?
« Ces troubles sont multiples et particulièrement difficiles à cerner mais ce qui est important de comprendre c’est qu’il n’y a pas de règles prédéfinies… En ce sens, la pluridisciplinarité va être essentielle pour apporter une réponse efficace. La prise en charge doit accompagner et soutenir à la fois la psyché et le côté nutritionnel.
En complément d’un suivi chez le médecin, et chez le « psy » (psychiatre, psychologue, psychothérapeute…), la naturopathie peut être une alliée dans ce combat contre les TCA.
Plus le suivi sera complet et diversifié, plus la personne prendra confiance et avancera.
A mon sens, en tant que naturopathe, lorsque l’on reçoit une personne souffrant de TCA, c’est précisément la personne en elle-même qu’il faut observer et non la maladie. Une approche naturopathique ne s’arrête pas seulement aux symptômes mais s’intéresse à la globalité du trouble. »
Qu’est-ce qui peut déclencher une vraie motivation pour se sortir de l’anorexie, de la boulimie ou des compulsions alimentaires ?
« Souvent, les TCA engendrent un état de dénutrition.
Le fait de comprendre les besoins du corps et de prendre profondément conscience des impacts physiologique de la dénutrition peut constituer un levier important pour réussir à réintroduire progressivement les aliments.
Un acte concret pour accompagner cette prise de conscience peut consister à faire évaluer les carences à travers un bilan sanguin (Ca, Mg, B12, Fer, VitD, B9, K…) : ce bilan est un support clair qui permet de concrétiser les choses et de se sentir impliqué.
Il peut être pertinent d’expliquer à quoi servent les différents éléments analysés, et quelles sont les différentes conséquences de carences sur la façon dont on se sent au quotidien.
Cela demande beaucoup de temps, de persévérance et de bienveillance.»
Pouvez-vous nous présenter les carences les plus fréquentes et leur impact sur le corps ?
- Les carences lipidiques, en acides gras essentiels : trouble du système neveux (mémoire, humeur, santé mentale, sommeil…) et l’aménorrhée en particulier
👉 Où en trouver : dans les huiles végétales type : Lin, Colza, Chanvre, Cameline, et également dans les poissons gras type sardines, maquereau, saumon - Les carences protéiques : baisse et altération des fonctions de la masse musculaire (constipation, incontinence, difficultés respiratoires, crampes, troubles cardiaques…)
👉 Où en trouver : dans les œufs, le poisson, les crustacés, la viande, les produits laitiers mais aussi dans le quinoa, les pois chiches, les lentilles, les noix, amandes, spiruline… - Les carences hormonales : manque en neurotransmetteurs (c’est grâce à eux que le cerveau communique avec le reste du corps ! : Dopamine, Acétylcholine, Noradrenaline, GABA, Sérotonine…) et déminéralisation osseuse
👉 Où en trouver : pensez à la vitamine D, bien sûr via le soleil, mais aussi dans l’huile de foie de morue . Également au Calcium dans les algues (lithothamme), les oléagineux, la verdure (orties, brocolis…), les crevettes, les sardines…
Tant que les troubles sont encore bien installés avec un risque de dénutrition, recommandez-vous le recours aux compléments alimentaires ?
Il peut effectivement être très pertinent de supplémenter en fonction des besoins en acides aminés, neurotransmetteurs, vitamines, minéraux et acides gras qui n’auront pas été suffisamment intégrés via l’alimentation.
Comme par exemple : la dopamine, le 5HTP, le GABA, la rhodiole, le millepertuis, la mélisse, la passiflore, les vitamines du groupe B, le safran, la belote, le magnésium, EPA-DHA… pour l’équilibre nerveux et cérébral, une meilleure gestion du stress et des émotions.
Ou encore du Zinc, de la vitamine C , D, E, A du chrome, du selenium, de la quercétine, du fer, du calcium… pour renforcer l’organisme et venir apporter vitamines, minéraux, antioxydants et super-nutriments dont le corps aurait besoin.
Bien sûr, ces besoin seront défini au cas par cas en fonction de la personne, il est important d’être suivi par un professionnel.
Quel est le lien entre les intestins et les TCA tels que l’anorexie, la boulimie ou les compulsions alimentaires ?
Bien sûr, il est extrêmement important de chouchouter ses intestins !
Comme il est évident qu’il y a un lien entre l’état psychique et l’état physiologique de la personne, nous ne pouvons négliger le rapport avec le microbiote, communément nommé aujourd’hui « notre 2ème cerveau ».
Le nerf vague communique non-stop avec ces deux cerveaux. Si l’on prend l’exemple de la sérotonine, qui régule l’humeur, le sommeil, la sécurité et qui est donc produite à plus de 90% dans notre intestin, nous pouvons faire le lien avec le besoin de manger qui viendra de cette insécurité !
Plusieurs études ont d’ailleurs établi qu’une altération du microbiote pourrait agir comme facteur déclenchant sur certaines personnes prédisposées aux TCA. »
En conclusion ?
En complément d’un suivi médicalisé, la naturopathie peut être une alliée dans ce combat contre les TCA. Par ces méthodes douces et de prises en charges globales, elle vise à dépoussiérer la vision que l’on peut avoir de la relation corps-esprit, on aidera la personne à se réapproprier son corps au travers d’une alimentation adaptée et progressive en fonction de son évolution.
Grâce également aux nombreuses autres techniques naturopathiques, comme la relaxation, l’activité physique, les massages ou encore la phytothérapie, la micro-nutrition ou même l’aromathérapie, la naturopathie accompagnera la personne tout en douceur vers une vie meilleure.
Témoignage de Sophia, patiente de Sabine Monnoyeur :
« Les troubles du comportement alimentaire reposent sur différentes raisons, toutes aussi singulières les unes que les autres. Ces dernières sont propres à chacun de la même façon que le sont les solutions de guérison. J’ai compris grâce à ma naturopathe, ainsi que par un accompagnement psychologique, qu’il fallait avant tout prendre soin de sa personne et mettre de côté la routine dominée par des désirs de perte de poids.
Selon moi par le biais d’un rééquilibrage naturel, sain et qui répond aux besoins de mon corps. Cela passe par la mise en place d’une routine au niveau de la nutrition, du sommeil, ou encore de la respiration. Ma naturopathe m’a ainsi réappris à vivre simplement, naturellement et à accepter que la guérison de mes TCA se ferait lentement mais sûrement. »
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